« Le jeu vidéo, pour éduquer ? » Discutons-en entre hommes.

Le programme de la journée d’étude organisée par Arts&Publics donne la parole à 11 personnes dont 10 hommes. Continuez à bien fermer les yeux sur la misogynie qui gangrène la culture du jeu vidéo…

Chaque année les chiffres du SELL le confirme : un joueur sur deux est une joueuse. Pourtant l’atmosphère est toujours très sexiste dans les parties de jeu en ligne. 40% des joueuses en ligne disent avoir été la cible de discrimination genrée de toute sorte : insultes, avances non-sollicitées, joueurs quittant la partie quand ils réalisent qu’une femme est parmi eux, remise en doute de leurs capacités, mansplaining… Ce chiffre grimpe à 66% chez les femmes adeptes des jeux de combat.

Continuellement, rappelées à l’ordre (patriarcal) dans les jeux multijoueur·euses, 40% d’entre elles masquent leur identité en jeu et évitent de prendre la parole de peur des agressions sexistes.

Se taire est donc la norme pour une femme dans les jeux vidéo. Le fait donc de ne pas donner d’espace de parole légitime aux femmes lors d’évènements comme une journée d’étude sur les pratiques éducatives du jeu vidéo n’est pas un bon signal.

Ne pas agir sur les inégalités, c’est les renforcer.

Pourtant, on attendrait tout autre chose d’une association aux missions de médiation culturelle. Il est bien beau de donner l’accès à la culture pour tous les publics, de parler de soutien à la production artistique, d’éducation au et par le jeu vidéo, sans jamais intégrer de façon transversale la question de l’inclusion des minorités. Pour un objet médiatique à la culture aussi sexiste, cela relève du déni.

Mais relativisons, 9% de femmes dans une journée d’étude sur le jeu vidéo, c’est toujours mieux que les 6% de femmes dans la pratique compétitive (esport), ou que les 1% de femmes dans les streameuses jeux vidéo les plus rémunérées sur Twitch… Quelque part, on avance, non ?…

On se demande donc où sont les expertes du jeu vidéo en Belgique… Ne citons pas Géraldine Wuyckens, Faustine Grosjean, le collectif Pixielles, Chloé Boels, StreamHer, Ambre Willem, Fanny Barnabé, le collectif GameHer, Vi Tacq, Sara Dethise Martinez et le collectif Witch Gamez. Elles devaient certainement être toutes occupées à la cuisine ce jour-là